Série : ARBRES

Quelques notes et réflexions sur l’arbre

« Mémoire d’arbres, arbres de mémoire : les géants de nos forêts n’ont pas fini de nous surprendre et d’être transcendés en œuvres d’art. » Giuseppe Penone

Mon travail s’articule sur le paysage, la nature, l’arbre.
L’arbre serait pour moi une sorte d’allégorie du corps, de l’être.
Je partage cette idée que l’on retrouve entre autres dans la mythologie amérindienne : « Les humains, les animaux, les plantes, nous sommes tous un même être »¹ et que l’arbre « sert aussi à symboliser le caractère cyclique de l’évolution cosmique, mort et régénération. »²
Ce cycle naissance-vie-mort se répète. Une émotion nait vit meurt, un être nait vit meurt, il en va de même pour une idée, une sensation, un instant. C’est un cycle inéluctable.
« Les feuilles évoquent un cycle des arbres qui se dépouillent et se recouvrent chaque année de feuilles ». D’après Mircea Eliade³ « Il perd ses feuilles et les récupère et […] se régénère, il meurt et renait d’innombrables fois (Elit.235) ».

On l’appelle Arbre de Vie, « colonne vertébrale soutenant le corps humain »⁴, Temple de l’âme, chemin des esprits, « chemin ascensionnel par lequel transiterait ceux qui passent du visible à l’invisible »⁵. Chez les indiens Pueblo, le grand sapin du monde permettrait l’ascension des âmes et les racines seraient l’« échelle au moyen de laquelle les ancêtres purent grimper jusqu’à la Terre de notre Soleil »⁶, échelle de Jacob, poteau chamanique, etc.

L’arbre tisse des liens entre le visible et l’invisible que le fil suit, matérialise.

« L’arbre met aussi en communication les trois niveaux du Cosmos[…]Les hautes branches communiquent avec le ciel, attirées par la Lumière,[…] le tronc de l’arbre et les premières branches communiquent avec la surface de la Terre », et enfin « les racines fouillent les profondeurs où elles s’enfoncent » et explorent le monde « souterrain »⁷.

Mais l’arbre c’est aussi l’arbre à palabre, ce lieu sacré sous lequel on se raconte les histoires de là d’où l’on vient et de là où l’on va, celui que j’ai découvert au pays
Dogon…

¹ Wa-Na-Nee-Chee et Eliane Harvey, L’oracle de l’aigle blanc – Vivre au quotidien la sagesse des indiens d’Amérique, Éditions Solar, 1997, 118 p.
² Jean CHEVALIER, Alain GUEERBRANT, Dictionnaire des symboles, Éditions Robert Laffont/Jupiter, Collection Bouquins, 62 p.
³ Ibid., 63 p.
⁴ Ibid., 62 p.
⁵ Ibid., 62 p.
⁶ Ibid., 62 p.
⁷ Ibid., 62 p.